SPOILERDolph, le colocataire de Cynta, avait l'air particulièrement excité alors qu'il se dirigeait vers ce dernier afin de lui annoncer quelque chose.
"Hey, Cynta, t'as entendu la nouvelle ?
- Nan, j'ai entendu "Hey, Cynta ..."
- ...
- T'es pas drôle ... Bon, qu'est-ce que tu venais me dire ?
- Que le château d'Osu! vient juste d'être sauvé de l'abandon éternel ! Dingue, non ?
- Le château d'Osu! ? Wow, je l'avais oublié celui-là, je le pensais voué à l'abandon éternel.
- Ouais t'as vu, c'est dingue non ?
- Assez oui. M'enfin, du moment que ça m'empêche pas d'aller acheter mon pain, ça m'importe assez peu, si tu veux mon avis.
- Ouais. Mais dans tous les cas, ... c'est dingue... (Dolph disait cela d'un air rêveur assez troublant)
- Hum ... oui ... Bon allez je vais à la boulangerie,...
- Pas la peine, j'y étais tout à l'heure !
- Ah ?! J'ai même pas remarqué que tu t'étais absenté !
- Non, mais, c'est normal en fait ... Je disais juste ça pour la blague ... Tu sais ... J'étais à la boulangerie ... GTA ... la boulangerie ...
- Okééé, bon allez j'te laisse, à tout à l'heure."
Cynta descendit deux à deux les marches séparant son appartement situé au second étage, du rez-de-chaussée. Un coup d’œil jeté à sa boîte aux lettres lui indiqua que cette dernière était vide : pas même un prospectus affirmant que "félicitations vous avez peut-être gagné 37.000€". Alors qu'il ouvrait la porte afin de sortir, il se retrouva nez-à-nez avec un homme en costume, assez classe, portant une barbe un peu longue et des cheveux en bataille. L'homme se tenait droit, et ne bougeait pas.
"Oh, pardon monsieur, si vous permettez..." Cynta commença à s'engager de sorte à croiser l'homme barbu, mais ce dernier ne se dégagea pas du passage. Étant plus grand que lui, l'homme baissa la tête afin de le dévisager, et, après un moment silencieux plutôt dérangeant, il prit la parole :
"Cynta ?
- Euh... Oui, c'est pour quoi ? Non parce que si c'est pour l'urine sur le paillasson de Madame Pigne, c'est pas moi, hein, parce qu'on pourrait croire, comme elle et moi on se taquine un peu, que...
- Venez avec moi.
- Euh, comment ça ? Là, maintenant ? C'est-à-dire que j'allais à la boulangerie, vous voyez, et...
- Venez avec moi.
- C'est pas la police, quand même ?! Si c'est la police, doit y avoir erreur, vous comprenez, parce que...
- Vous êtes l'élu, Cynta.
- ... L'élu ? Comment ça, l'élu ? L'élu de quoi ? C'est bien, ça, d'être l'élu ?
- Si ça peut vous convaincre de venir avec moi, disons que oui.
- Cool ! Et y'en a pour longtemps ?
- ... Non.
- Bon ben allons-y alors, pourquoi pas, après tout..."
Les deux hommes montèrent à l'avant d'un van drôlement coloré (bleu, vert...), décoré de fleurs dessinées et sur lequel était écrit "The Mystery Machine" en grosses lettres oranges.
L'homme louche, la barbe,le van... Cynta commençait à comprendre à qui il avait affaire. Mais de nombreuses questions demeuraient encore, d'autant plus qu'il n'avait aucun rapport de près ou de loin avec quelque hippie que ce soit.
"Dites, ... comment est-ce que vous connaissez mon nom ?
- Je te l'ai dit, tu es l'élu.
- Ah, ouais, l'élu... Mais c'est quoi cette histoire d'élu, au juste ?
- Oh, un truc tout con. T'as entendu la nouvelle ?
- ... Non, hum... J'ai entendu "un truc tout con".
- ... T'es sérieux, là ?
- Ben, j'ai hésité, mais j'ai pas pu me retenir de la faire.
- (l'homme à la barbe respira un grand coup) ... Mec ... C'EST LA P*TAIN DE CATASTROPHE LÀ ALORS TES BLAGUES À LA C*N ELLES SONT PAS SUPER ADAPTÉES OKAY ?!
- Wow, wow, calmez-vous monsieur, je voulais juste détendre l'atmosphère !
- OUAIS BEN JE CROIS BIEN QUE, euh... QUE C'EST RATÉ, comme tu peux le constater. (Il était rouge d'énervement et respirait très bruyamment, mais il semblait subitement bien plus détendu à la fin de sa phrase)
- Je suis désolé, je pensais pas que vous réagiriez de la sorte.
- ... Ce n'est ... pas grave... Hum...
- Et, sinon... Vous pouvez me parler de cette histoire d'élu, du coup ? ... S'il vous plait ?
- ... (L'homme était désormais silencieux et quasi immobile, fixant droit devant lui et se contentant de tourner le volant quand c'était nécessaire)
- ... Monsieur ?
- ... Hum, oui pardon... Tu m'excuseras ce haussement de ton, j'ai comme des... des troubles de la personnalité, un truc du genre. Je suis d'humeur plutôt changeante, si tu vois ce que je veux dire.
- Ah ben oui, je vois bien. Mais ça doit être plutôt embêtant, non ?
- ... NON MAIS C'EST MARRANT DES FOIS !
- Ah, si vous le dites... Et sinon, pour cette histoire d'élu ?
- Ah oui ok très bien, alors voilà : comme tu le sais peut-être, le château d'Osu! a été récemment sauvé de l'abandon éternel.
- Oui, on me l'a appris avant que je ne vous rencontre.
- Très bien. Et sais-tu qui est à la tête de ce château ?
- Ah, ça non, j'en ai pas la moindre idée.
- Il s'agit de Remyria. Un sacré enfoiré. Ce salopard a poussé l'ancien roi dans un lac de lave afin de prendre sa place.
- Quel salopard !
- Tu l'as dit ... Eh non, attends ... JE l'ai dit ! C'EST MOI QUI AI DIT ÇA P*TAIN, ET TOI TU T'AUTORISES À REPRENDRE CE QUE JE DIS, COMME SI DE RIEN N'ÉTAIT ?!
- Non, attends, calme-toi !
- Ouais pardon. Et donc, comme le nouveau roi est un enfoiré, je me suis dit, "eh Patrick, pourquoi pas tuer cet enfoiré ?"
- Et, euh... Patrick, c'est vous, donc ?
- Ben oui, qui veux-tu que ce soit ?
- Désolé.
- Y'A PAS DE SOUCI MEC !
- Et euh, donc... tuer cet enfoiré, vous disiez ?
- Ah, euh, ouais, voilà, tuer cet enfoiré !
- Et moi, qu'est-ce que j'ai à voir, dans tout ça ?
- Ben t'es l'élu !
- ... L'élu... ?
- Ouais, l'élu quoi ! C'est toi qui tue cet enfoiré de Remyria !
- Ah, oulah mais attendez, comment ça ?! Et vous, alors ?
- Comment ça, moi ? Non mais tu croyais quoi ?! Je vais pas tuer quelqu'un, t'es fou eh !
- Et pourquoi moi alors ?! Comment j'ai été choisi ?!
- J'ai pris un prospectus au hasard dans une boîte aux lettres de ton appartement, y'avait ton nom dessus, du coup j'avais plus qu'à attendre que tu sortes.
- Ok... Et sinon, vous êtes qui exactement ? Vous faites partie d'un groupe de personnes se liguant contre le roi, ou bien ?
- Quoi, pardon ? Oulah non, c'est juste moi, je t'ai dit, je me disais que ça serait bien que cet enfoiré de roi soit tué, c'est tout.
- Et donc vous avez cherché quelqu'un pour le faire pour vous.
- C'est ça. En gros, ouais, c'est ça.
- Mais j'ai pas envie de tuer qui que ce soit, moi, d'ailleurs je le connais même pas le roi !
- Ouais ben on va arranger ça : le voilà justement qui arrive !" Patrick disait cela alors qu'il se garait dans la cour du château, et que le roi, ayant vu le van pénétrer dans l'enceinte de sa propriété, se dirigeait vers le véhicule d'un air furibond. (hey, ça doit bien être la première fois que j'utilise ce mot, "furibond")
"OOOOH ! Vous êtes qui vous ?
- On est juste deux gars dont un qui est venu pour te botter le cul, mon gars ! répliqua Patrick
- Non mais comment ça, me botter le cul ? Vous avez de ces manières, vous !
- Oulah attendez on se calme, je vais tout vous expliquer il ne s'agit là que d'un simple malentendu vous savez, d'ailleurs..." Cynta fût coupé par le barbu sans avoir le temps de s'expliquer.
- Monsieur, vous êtes un salopard, et nous allons vous tuer !
- Comment ça, me tuer ?! Non mais ça va pas la tête ?! Ça fait à peine cinq minutes que je suis roi, et on vient déjà m'emmerder ?! C'est quoi cette histoire ?!
- OUAIS ET ON VA TE BOUFFER AU DÎNER MON GAILLARD, OUAIS, ON VA SE BÂFFRER COMME DES PORCS AVEC TON CADAVRE... Attendez, comment ça cinq minutes ?! Vous avez pas tué le roi Didou cette nuit ?! Ma montre a peut-être un peu d'avance, mais quand même...
- Aaah non mais attendez ! s'exclama le roi. Moi je suis pas Remyria, je suis Sretzle-nyan !
- Euh... Comment vous dites ?
- Sretzle-nyan !
- À vos souhaits ! s'esclaffa Cynta, brisant la conversation des deux autres hommes, qui se tournèrent alors vers lui.
Hum... Pardon...
- Bref, je disais : Remyria est mort !
- Mort ?! Mais... WOOOOOOW JE COMPRENDS RIEN MAIS C'EST GÉNIAL t'as entendu ça Cynta ?!
- Eh bien je vais me faire un plaisir de vous expliquer ! répondit sretzle-nyan. En fait, j'ai simplement tenté de montrer mes muscles à Remyria, ce qui le fit mourir... De rire... Du coup, ben... Je suis roi \o/ Vous voulez venir visiter le château ?! Je viens de commencer à en faire le tour, c'est trop de la balle !"
Stretzle-nyan engagea la marche afin de faire visiter le château à ses deux invités, en commençant par les mener directement à la salle du trône, pour se la péter un peu.
"Alors, vous avez vu ça un peu ?! Ça en jette, hein ?! Tenez, allez-y, vous gênez pas, testez le trône, il est confortable comme pas deux !
- En même temps, y'en a qu'un seul... répondit Cynta, un sourire en coin.
- Euh, demanda sretzle-nyan en s'adressant à Patrick, il est toujours comme ça votre ami ?
- C'EST PAS MON AMI mais, euh, on dirait, ouais.
- Misère... Bon allez, je t'en veux pas, à toi l'honneur, assieds-toi là-dessus et dis-m'en des nouvelles !"
Cynta prit place sur le majestueux trône, auquel faisaient face de quelques mètres les deux autres hommes.
"Ha ouais, c'est trop chouette ! Ah, et, tenez, il sert à quoi cet interrupteur sous l'accoudoir ?"
Le jeune homme actionna ledit interrupteur, et les deux hommes qui se tenaient face à lui eurent alors une surprenante sensation de vide sous leurs pieds. En effet, il se dessinait sur le sol un carré discret, autour de leur position : il s'agissait d'une trappe, qui s'ouvrait quand on pressait le fameux interrupteur situé sous l'accoudoir du trône.
À ce moment arrivait dans la salle un homme habillé de manière distinguée, les bras chargés de papiers et qui se dirigea vers Cynta, s'arrêta un instant pour regarder avec étonnement la trappe ouverte, puis s'adressa au garçon toujours assis sur le trône :
"Monsieur sretzle, je vous demanderai de remplir les papiers que voici, ce sera nécessaire maintenant que vous êtes roi.
- Ah, euh, eh bien... Comment dire... Je ne suis pas sretzle...
- Ah bon ? Alors que faites-vous sur son trône ?! C'est interdit, vous devriez en descendre tout de suite, même immédiatement !
- Non mais, c'est-à-dire qu'il m'a autorisé, en fait !
- Oh, je vois... Mais alors, où est notre nouveau roi ?
- Hum... Vous... Vous voyez ce trou derrière-vous ?
- Oui, je le v... ... Ne me dites pas que... Dans ce trou... sretzle... Vous...
Un silence s'installa qui dura quelques secondes affreusement gênantes pour Cynta.
- Je... ne suis pas sûr d'avoir compris ce que vous vouliez dire... Mais je pense que vous avez compris que, donc, notre roi est effectivement tombé dans ce trou. Ce trou que... j'ai... eh bien... Ouvert. Involontairement, bien sûr.
- ... Bon, ben... Vous êtes le roi... Du coup...
- Ah ? Euh... C'est bien ?
- En ce qui me concerne ça veut dire que je viens d'imprimer cette paperasse pour rien, et que je vais devoir tout recommencer simplement pour changer le nom dessus, mais pour vous c'est plutôt pas mal, oui.
- Ah, bon... Désolé...
- Pas grave, au bout de dix jours sans changement de roi, il fallait bien que ça arrive, trois changements dans la même journée... Champagne ?
- Vous avez pas plutôt du jus de pomme ? C'est que je ne bois pas d'alcool...
- Laissez-moi le temps de m'occuper de ces papiers, et j'irai vous en acheter, Monseigneur.
- Mon... Monseigneur ?
- Ben ouais, vous êtes le roi je vous rappelle. C'est dingue non ?
- Carrément ouais ! Oh, et au passage, vous pourrez passer à la boulangerie s'il vous plait ?"